Comment éliminer le gaspillage en Lean Management?
Dans une volonté de recherche permanente d’accroissement de leur rentabilité, les entreprises veulent améliorer la performance et la rapidité du processus de création de valeur. Cette notion de création de valeur est centrale dans la recherche d’élimination des gaspillages et plus largement en Lean Management. Le concept de Lean Management cherche à optimiser l’ensemble du processus en réduisant au maximum les tâches ou opérations ne créant pas de valeur. C’est pourquoi il est primordial d’éliminer les gaspillages dans cette démarche et non pas les étapes créant de la valeur aux yeux du client. Comme nous allons le voir, il existe 7 gaspillages qui se retrouvent dans toutes les entreprises peu importe leurs tailles ou leurs domaines d’activité, mais ceux-ci peuvent avoir des conséquences lourdes sur la rentabilité et la pérennité de la structure. Voici comment éliminer le gaspillage en Lean Management.
Premier gaspillage à éliminer en Lean Management - La Surproduction
Par définition, on appelle surproduction tout ce qui est fait ou produit au delà de la quantité nécessaire pour réaliser l’opération ou la commande.
Il s’agit d’un des gaspillages les plus dangereux et impactant car il engendre de nombreux autres gaspillages que nous allons voir dans cet article.
En effet, beaucoup d’entreprises constituent des tailles de lots plus importantes que les besoins des clients par soucis d’économie d’échelle ou par sécurité face aux défauts de fabrication. Il y a également surproduction lorsque l’on imprime plus de dossiers que de participants à une réunion.
Deuxième gaspillage - Le Surstockage
Il ne faut pas confondre stock et surstockage. Le stock n’est surstockage que lorsque les valeurs du stock ne sont pas conformes à la stratégie de l’entreprise.
Le surstockage impacte de 2 façons la performance économique de l’entreprise. La première est l’impact sur le besoin en fond de roulement car un surstock immobilise de la trésorerie sans apporter de la valeur ajoutée au client. La seconde est le risque d’obsolescence des produits stockés, plus on possède de stock, plus on est susceptible d’avoir des produits détériorés ou périmés sur le lieu d’entreposage.
Afin d’illustrer mon propos et de vous permettre d’identifier vos surstocks, voici quelques pistes. Si votre stock couvre plus de jours que le temps nécessaire pour le reconstituer, vous êtes en surstock. Attention toutefois, il faut rester dans une certaine forme de logique, et ne pas tomber dans “je commande tous les jours mes pièces”. Vous n’achetez pas les feuilles à l’unité mais par paquet, gardez ce raisonnement en tête.
Troisième gaspillage à éliminer en Lean Management - Les Déplacements Inutiles
Pour partir à la chasse dans vos entreprises ou services, voici quelques gaspillages que j’ai pu rencontrer. Il s’agit par exemple de ranger un objet dans une autre pièce où il est utilisé, ou d’oublier son ordinateur lorsque l’on va en réunion et que l’on doit retourner au bureau pour le reprendre. Il y a un autre gaspillage qui est également très fréquent c’est l’envoi de mail à des personnes qui ne sont pas concerné par le sujet mais pour être certain de n’oublier personne le mail est envoyé à un grand nombre de personnes.
Quatrième gaspillage - La Surqualité
Ce gaspillage est certainement le plus étrange mais également le plus difficile à éliminer. En effet, on entend ici par surqualité toutes opérations qui dépassent le besoin réel du client. vous l’aurez compris, dans le cas de ce gaspillage, la connaissance des besoins réels du client est primordiale et centrale, sans cela vous ne pourrez pas avancer.
Voici une réalisation de tâches qui entrainent de la surqualité : analyser des données dans un tableau qui ne sont pas nécessaires ni demandés par le client au sens large. Ici le client peut être interne ou externe. Pour prendre un exemple du quotidien, on fait de la surqualité si on applique un vernis résistant aux UV alors qu’il s’agit d’un meuble d’intérieur.
Cinquième gaspillage à éliminer en Lean Management- Les Mouvements Inutiles
Lorsque l’on parle de mouvements inutiles dans l’identification et l’élimination des gaspillages on ne prend en compte que les déplacements physiques des personnes. Cela peut correspondre à deux choses. La première est le mouvement sur son poste de travail et la seconde est les déplacements au sein de l’entreprise.
Afin de mieux comprendre les 2 aspects des mouvements inutiles voici deux exemples. Pour ce qui est des mouvements sur son poste de travail, il s’agit de tous les aspects ergonomiques comme par exemple une armoire trop haute pour atteindre les dossiers en haut mais qui sont rangés à cet endroit.
Ensuite pour ce qui est du déplacement dans l’entreprise, on identifie un trajet d’un collaborateur loin de son poste de travail pour prendre un outil qu’il utilise régulièrement ou un technicien de maintenance avec une caisse à outils incomplète, nécessitant plusieurs aller-retour pour réaliser sa mission.
Sixième gaspillage - Les Erreurs
Il faut entendre ce gaspillage au sens large. Cela comprend les erreurs, les défauts ou les rebuts aussi bien dans des entreprises de services que de productions.
L’erreur est prioritaire dans la chasse aux gaspillages car elle est source de deux grosses pertes. La première est le coût de refaire ou de réparer l’erreur. La seconde est le risque de perdre la satisfaction du client s’il reçoit un produit ou service avec une erreur ou un défaut.
En pratique l’erreur est souvent détectable, la difficulté réside dans sa résolution. Il s’agit par exemple d’un défaut d’aspect sur une pièce, ou d’un mail envoyé à la mauvaise personne.
Septième gaspillage à éliminer en Lean Management- Les Temps d'Attente
Les temps d’attente peuvent venir de 2 aspects. Le premier est un délai plus long que prévu c’est à dire que le retard provient d’une mauvaise estimation du processus. Dans ce cas précis, il faut chercher à comprendre l’écart entre le réel et le prévu et trouver la raison de cette différence et la corriger afin de stabiliser le processus. (L’écart peut venir de l’estimation elle-même).
Le second est l’attente à proprement dit, c’est à dire tout le temps que l’on peut passer à attendre une personne, un produit ou composant.
L’exemple le plus courant est lorsque l’on attend une personne pour commencer une réunion, ou que l’opérateur attend de recevoir une pièce pour démarrer son opération.
Un dernier gaspillage à éliminer en Lean management - La Sous-Utilisation des Compétences
Il s’agit du dernier gaspillage. Initialement il y en avait que 7 mais force est de constater que de nombreuses entreprises n’utilisent pas leurs équipes à leur plein potentiel, il s’agit du 8ème type de gaspillage.
En effet, on considère que l’on gaspille le talent des équipes si on ne les exploite pas à leur plein potentiel. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de remettre les hommes au centre des entreprises. Leur bien être et leur développement devient des enjeux centraux pour les dirigeants et les managers.
De nombreux exemples existent, notamment la personne sur-diplômée employée sur un poste pour laquelle elle est trop qualifiée. Mais il s’agit surtout de la personne qui pourrait faire un travail encore plus créateur de valeur avec de la formation ou avec un management plus adéquat.
Retour d'expériences d'accompagnement de PIDAXY sur du Lean Management
Voici un exemple d’intervention que nous avons réalisé pour chez un client pour l’aider à éliminer le gaspillage en Lean management.
Il s’agit d’une entreprise industrielle qui vend des produits qu’elle fabrique. Dans le cadre de notre intervention, afin d’avoir un impact rapide et palpable sur la performance de l’entreprise, nous avons ciblé le processus de fabrication qui nécessitait le plus de temps durant l’année et qui représentait le produit le plus vendu.
Cette société dans un soucis de productivité fabriquait les produits en grande série (une fabrication pour la consommation annuelle) et par grande taille de lot. Cela engendrait des économies d’achat, mais cela générait beaucoup de stock (6 palettes) et nécessitait un grand espace au cours du processus de montage. De plus, une étape en particulier a attiré notre attention. En effet, elle n’impactait pas de façon importante le délai de production, mais son erreur était très couteuse. Il était possible d’inverser le sens de la pièce durant le montage et on se rendait compte de l’erreur qu’à la dernière étape. Cela arrivait environ 20% du temps. En étudiant le processus et en questionnant les opérateurs de production, on s’est aperçu qu’ils avaient des difficultés à déterminer la qualité des produits, certains faisaient de la surqualité et d’autres laissaient passer des défauts. Les critères de validation étaient esthétique et subjectif. A notre arrivée il y avait entre 15 et 20% de rebuts en fonction des composants.
Au regard de nos observations et des besoins du client et des opérateurs, Pidaxy s’est attelé à agir sur 4 axes. Nous avons réduit la taille des lots. L’arbitrage a été fait entre le coût de stockage d’une fabrication annuelle et l’économie d’achat générée par une commande annuelle unique. De plus, cela a permis de réduire la tension avec la trésorerie de l’entreprise. Les opérateurs avaient plus d’espaces pour travailler ce qui a amélioré naturellement la vitesse de production et la qualité des produits. Un produit en attente de montage a des chances d’être détérioré ou abîmé si il reste longtemps dans le processus de fabrication. L’autre axe principal a été de traiter la source d’erreur durant le montage, nous avons donc développé avec l’entreprise un gabarit de montage qui permettait de monter les pièces sans la possibilité de ce tromper de sens. Il n’y avait donc plus d’erreur possible. Enfin la dernière étape a été de déterminer des critères en intégrant les clients et les fournisseurs ainsi que les opérateurs à cette détermination.
Voici quelques chiffres :
– Passage de 6 à 2 palettes en rotation (soit une réduction du stock de 66%)
– Réduction de 100% des erreurs de montage.
– Augmentation du confort des opérateurs grâce au gain de place
– Réduction des déplacements pour les opérateurs
– Réduction du besoin en trésorerie
L’accompagnement de Pidaxy a permis de réduire le temps de fabrication globale du produit et une amélioration du confort des opérateurs ainsi qu’une augmentation de la satisfaction des clients.
Pour aller plus loin ensemble
Les gaspillages, sous toutes leurs formes, sont au coeur des entreprises. J’espère que vous avez pu en identifier certains en lisant cet article. Il est important de ne pas tout corriger en même temps, traitez-les un par un et vous constaterez des effets directs sur la productivité, la rentabilité mais aussi le confort de vie au travail.
Thomas LEIM
Expert Achats & Logistique
Consultant Associé – PIDAXY
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